Après le cataclysme de 2020 et 2021 due à l’épidémie Covid-19, le commerce mondial remonte avec rythme et force. Il devrait surmonter beaucoup d’obstacles en 2022, notamment l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'inflation qui persiste dans les grandes économies, selon une analyse de Trade Data Monitor, source première mondiale de statistiques commerciales.

Le facteur clé : l’industrie logistique mondiale, qui vaut plus de 8,6 milliards de dollars annuellement, s’est avérée suffisamment résiliente. Les craintes concernant l’effondrement des “supply chain” et l’incapacité des consommateurs à se faire expédier des marchandises se sont révélées infondées.
Alors que les industries pourraient souffrir de ruptures d’approvisionnement de produits de base clés tels que le blé et le pétrole en raison de la guerre en Ukraine, le résultat final sera plutôt une inflation des prix au lieu d’une rupture de cet approvisionnement.
L’OMC s’attend actuellement à ce que le commerce mondial en biens augmente de 10.8 % en 2021 et de 4.7 % en 2022. Le commerce global des marchandises devrait augmenter de 1.8 %, passant de $17.6 milliards à 19.5 milliards.

Deux piliers: matières premières et haute technologie

De plus en plus, le commerce mondial en valeur est tiré par deux secteurs clés : les produits de base clés, tels que le pétrole, le charbon, le fer, le cuivre, le nickel et d’autres métaux, et le commerce de haute technologie, constitué de produits phares tel le iPhone, mais aussi de câbles et routeurs.
Parmi les plus grandes tendances du commerce mondial on voit une ruée vers les produits de base allant du cuivre aux engrais, source d’inflation, la montée de nouvelles puissances économiques asiatiques telles que le Vietnam, et le commerce de haute technologie. Ce dernier est tiré par l’innovation et l’invention, en particulier dans la catégorie des véhicules électriques, le la croissance de l’économie du travail à domicile et l’expansion de chaînes d’approvisionnement complexes.
Dans le monde économique moderne du 21ème siècle, l’avantage concurrentiel appartient aux nations productrices de produits de base clés, tels que le Brésil, les États-Unis et l’Australie, et aux ports des chaînes d’approvisionnement en électronique, tels que le Vietnam, la Chine, Singapour et Taïwan.

Le facteur “Chine”

La Chine continue à dominer la transformation du monde en économie basée sur la haute technologie. En 2021, la Chine a exporté $851.9 milliards en haute technologie, une hausse de 25,9% sur 2020. L’Union européenne était deuxième, avec $408,5 milliards exportés, une hausse de 16,9%.
La principale exportation de la Chine dans le commerce de haute technologie était les téléphones portables, en hausse de 14.6 % à $127,9 milliards, suivis des ordinateurs portables et des tablettes, en hausse de 21.1% à $124.1 milliards. En comparaison, les principales exportations de haute technologie de l’UE étaient liées au boom médical entraîné par la pandémie de Covid.
Pour fabriquer de l’électronique, la Chine est, logiquement, premier importateur mondial de matières premières. Signe d’inflation : Les importations de tous les produits essentiels sont restées essentiellement stables en 2021, mais en valeur, la Chine a augmenté ses importations de carburant de 49.5% à $403,9 milliards, les importations de fer de 49.3% à $184.7 milliards de dollars et les importations de cuivre de 55.6% à $56.8 milliards.

La montée de l’autre Asie

Malgré une année dramatique dominée par des histoires sur les porte-conteneurs entassés dans les ports et dans les canaux, le commerce mondial de la haute technologie est resté résilient. Cela a contribué à l’évolution de nouvelles chaînes d’approvisionnement panasiatiques.
Les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis et les inquiétudes concernant les chaînes d’approvisionnement ont poussé les fabricants à construire des usines, ou à trouver de nouvelles sources, dans des pays comme le Vietnam, la Thaïlande et Singapour, qui font tous partie de l’alliance des 10 nations de l’ANASE, qui se spécialisent maintenant dans les mêmes produits que les usines en Chine.

L’importance des États-Unis

Malgré l’appétit vorace de la Chine pour les matières premières, ce sont toujours les États-Unis qui sont le premier marché d’importation au monde, en raison de leur énorme appétit pour les biens de consommation.
En 2021, les États-Unis ont importé pour 2,8 billions de dollars de marchandises, contre 2,7 billions de dollars pour la Chine. Il semble très probable qu’en 2022, la Chine dépassera enfin les États-Unis pour devenir le premier importateur mondial, mais ce sera principalement grâce aux matières premières, et non aux consommateurs. Cela donne aux États-Unis un poids considérable dans la négociation d’accords commerciaux avec la Chine, l’UE et d’autres partenaires.

Voiture électrique

L’importance de la politique relative au changement climatique stimule également le commerce industriel. Une tendance à retenir dans cette catégorie est celle du commerce mondial de voitures électriques. Celui-ci devrait dépasser les 800 milliards de dollars annuels d’ici 2027, soit plus du double de la valeur actuelle du marché.
Au total, environ cinq millions de voitures électriques devraient être vendues en 2021, en raison de l’évolution de la technologie et des craintes liées au changement climatique. Et cela apparaît dans les statistiques commerciales.
Le premier marché, les États-Unis, a augmenté ses importations de voitures électriques de 31.5% à $13.7 milliards en 2021. Le deuxième marché en importance était l’Allemagne, qui a augmenté ses importations de 38% à 10.8 milliards. Le premier exportateur mondial a été l’Allemagne, qui a augmenté ses expéditions de 94.6 % pour atteindre $31.5 milliards.